P168 — Domicide — Annabelle
Ma maison est à mon image, rangée, systématisée mais toujours ouverte. Lorsque mon fils m’a dit que je devais louer la chambre à l’étage pour créer une entrée d’argent, j’étais assez enthousiaste. « On va te trouver un gentil petit jeune, un étudiant ! » me disait il. J’étais contente, on ne m’accusera pas d’être comme ces vieilles bonnes femmes incapables de s’adapter, détestant toute nouveauté.
Moi, je l’accueillais à bras ouvert mon petit locataire, je suis tout de même très flexible mais il y a juste des limites à ne pas dépasser ! Les couteaux… oui, les couteaux, il met les couteaux a sécher pointe en haut, j’ai failli me taillader les veines, si ce n’était que cela, il laisse ses chaussures au milieu du passage, ce matin j’ai encore manqué de me briser les reins. Quand je lui reproche il balbutie mollement et me demande d’excuser sa nature distraite.
Il fallait pour son bien qu’il comprenne qu’un accident est vite arrivé. Il doit prendre conscience que malgré sa grande jeunesse, il n’est pas éternel. Cela je pense qu’il l’a compris au petit déjeuner dés la première gorgée de café lorsqu’il réalisa que j’avais distraitement intervertis le sucre avec la soude caustique.